JULEMONT – 08/1914 – Témoignage

Extrait de ‘La Belgique et la Guerre’ – tome II – L’invasion allemande par Joseph Cuvelier – archiviste général du Royaume – 1921 – Ed. Henri Berthels à Bruxelles.

Dans ce tome sont décrits l’ensemble des événements qui se sont déroulés lors de l’invasion allemande d’août 1914. Il reprend les circonstances et les événements village par village.

 

JULEMONT 

Un soldat de la 27‘ division d’infanterie (armée allemande) qui passa par Julémont raconte dans une lettre ( Voir Thüringer Monatsblätter du 1er octobre 1914) qu’il a vu a Julémont les premiers morts, parmi lesquels un garçon de quatorze ans qui, sur l’instigation d’un prêtre, avait tué dans leur lit deux soldats du 82ème régiment.

Comme on le verra tout a l’heure, c‘est l’histoire de Battice transplantée à Julémont.

La Trémomia de Dortmund, s’étant adressée à la rédaction de la revue de Thuringe pour avoir des précisions, reçut comme réponse que le fait avait été raconté dans une lettre du sous-officier Ernst Miller, du 94‘ régiment de réserve, qui n’avait pu rapporter ce fait que par ouï-dire.

Ce qui n’est pas un racontar, c’est que le 18 août, sur les soixante—dix maisons dont se composait le petit village de Julémont, soixante-neuf ont été réduites en cendres, et que dix-neuf habitants de ce village et de la commune voisine de Saint-André,  parmi lesquels deux septuagénaires et un gamin de quatorze ans, Edouard Becker, furent lâchement assassines (

Ce qui n’est pas un racontar non plus, c’est le propos, tenu par un général installé dans le voisinage d’un couvent de religieuses à Fouron. le 14 août. Au moment de son départ, il venait de recevoir l’ordre de détruire plusieurs villages de la région et de fusiller une partie de la population dont il n’avait nullement à se plaindre. ll devait commencer par Julémont où aucun attentat n’avait été commis par des civils.

——Mais, lui dit la supérieure du couvent, vous n’allez pas exécuter cet ordre qui vous force a commettre des crimes odieux ?

—— La discipline m’y oblige, répondit le général; je suis forcé d’obéir, quelque injustes que ces ordres me paraissent. Les ordres de mes chefs sont impénétrables comme les secrets de Dieu. Nous ne pouvons même pas les discuter.

Mais c’est une bien vilaine besogne qu’on me commande là! 

Et sur ces paroles, le général, ému, quitta la supérieure pour aller ordonner les massacres et les incendies

(1) Voir G. Somville, « Vers Liége », p. 171.
(a) de Thier et Gilbart, op. cit, t. ll, p. 113.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.