L’abbé Maquinay raconte son retour à Herve.
Ma rentrée à Herve le 28 novembre 1918 (il met ‘septembre’…, mais selon d’autres documents, il est bien rentré à Herve le 28 novembre 1918)
Après avoir dit la messe à St Servais à Liège, je dis au revoir à Mr Usys (?) et à 7 heures du matin, je prends la route de Herve (en tram jusque Fléron) en vélo par Soumagne. Là, je rencontre mon ami le Vicaire de Soumagne Henri Darimont de Verviers. Partout les habitants me regardent et m’accueillent avec joie, car je suis un des premiers belges qu’ils revoient. Toutes les fermes, même les plus isolées, ont arboré le drapeau national.
Plus j’approche de Herve, plus je me sens envahi (?) de la plus vive émotion, mon coeur bat à se rompre, à certains moments, je pleure et ne parviens guère à avancer.
Enfin, me voici au cimetière, je vois le clocher de l’église : c’est Herve, HERVE !!
Je m’éponge et répare quelque peu ma toilette, me voilà dans Herve que je n’ai plus revu depuis 4 ans, Herve détruit, au milieu des ruines se dressent quelques maisons échappées au désastre et que les habitants ont encore eu le patriotique courage d’ornementer pour fêter la délivrance.
Les habitants ne me reconnaissent pas au premier abord, car ils ne devinent pas le petit professeur Maquinay sous son accoutrement guerrier. Cependant, le pharmacien Ernest Stassen me reconnait et s’écrie « Ah Mr le Professeur » et au milieu d’acclamations, j’arrive au Collège.
Je veux voir tout d’abord Mr Le Directeur, il est en 6ème. J’entre comme un bolide dans cette classe. Grand Dieu ! Quelle minute d’émotion impressionnante. Mr le Directeur pleure, les élèves acclament… Vite on sonne la cloche et voilà tous les élèves sortent (?). Peu me connaissent, mais ils ont tant entendu parler de moi, c’est comme si j’avais toujours été parmi eux.
Je ne sais où donner tête, car professeurs, élèves et amis du dehors m’entourent de toutes parts.
Puis voici une bande d’amis, les musiciens de la Ville qui viennent me donner une sérénade, on joue la Brabançonne… nouvelle émotion, tout le monde pleure et je ne parviens qu’à dire ces mots « Mes amis, … et vive la Belgique »
On ne peut dépeindre ce qui se passe dans l’âme à ces moments, et je ne comprend pas qu’on puisse résister à ces émotions.
Puis enfin c’est dans une plus grande intimité le dîner avec les professeurs où je me retrouve au milieu d’amis.
Je prends un soin d’envoyer un courrier à Verviers pour prévenir (L’Abbé Maquinay est verviétois d’origine)