ND de la rue, ( Ernest Mathonet )
Située au-dessus de la rue du Collège à l’entrée de la cour de l’église, elle amenait une eau contaminée de microbes du typhus, comme d’ailleurs toutes les pompes de Potiérue ; elles étaient d’autant plus suspectes, qu’à son niveau, au-delà de la muraille dans laquelle on l’avait enserrée plus tôt, se trouvait un urinoir bien mal situé. Déjà , toutes les pièces de fer de la pompe avaient été vendues à un marchand de ’’ cliquotes ‘’seul restait l’ensemble de pierre, surmonté d’un joli gland sculpté. En 1944, vint alors la période des ‘’ robots ‘’ ces engins que les allemands déjà vaincus, lançaient contre les villes belges et hollandaises ; ces missiles sans pilote étaient munis d’une tuyère à réaction et quand le moteur s’arrêtait, c’était le signe que le ‘’ V1 ‘’ allait tomber non loin de là, faisant des ravages formidables parmi la population et les immeubles. Un jour que je causais avec Monsieur Julien Simonis, sur la route d’Elvaux, voici un V1 qui s’amène dans notre direction juste au-dessus de nos têtes, le moteur s’arrête et Monsieur Simonis de s’écrier : aïe, celui-là c’est pour Herve…Atterré, je lance machinalement une invocation à Notre-Dame et aussitôt le robot fait un quart de tour et va s’écraser sur un terrain vague, sans faire de gros dégâts. Tandis que je reviens vers Herve, je me représente les malheurs que ce robot aveugle aurait provoqué dans notre cité et dès lors je m’engage à exprimer au nom de tous, le désir de ‘’ merci ‘’ à ND. N’empêche, celle-ci avait été épargnée et il me restait à tenir ma promesse à ND. Je pense alors à installer la statue dans la pompe de la rue du Collège et je m’en ouvre au Bourgmestre Chanteux, qui me donne toutes les autorisations nécessaires ; j’en parle évidemment aussi à Monsieur le Doyen Voisin qui me dit d’aller de l’avant. J’avais en ce moment un cercle d’études de demoiselles à l’hospice et un dimanche je leur présente mon projet ; aussi tôt elles se mettent en route et recueillent dans la paroisse la somme voulue pour les travaux. M. l’architecte Charles Philippart fait gratuitement le plan, MM. Henri Conradt et Henri Delhaye se chargent des transformations et un artiste de Heusy réalisa la statue de ND qu’il s’agira d’installer dans la niche creusée dans les montants de pierre. Je demande en outre à l’architecte de placer au bas de la statuette, le texte suivant : MERCI A NOTRE DAME DE LA RUE. Pourquoi ‘’ de la rue ‘’, Pour rappeler aux herviens que celle-ci est des leurs et qu’elle habite parmi eux dans une de leurs rues. Les travaux commencèrent bientôt et l’on se rend compte que le tout sera bien beau. Entretemps, on a descendu le gland qui domine la vieille pompe ; l’architecte craignait que sa pierre soit trop friable et qu’elle se décompose un jour. On apprend que dans le presbytère de Bolland, existe un bon gland, Monsieur le curé consent à le céder, mais quand on l’amène sur place, de bonnes dames de la rue du Collège viennent réclamer tout net qu’elles ne veulent pas de ce gland et qu’il faut replacer l’ancien en le consolidant. De fait, je dois avouer que celui de Bolland aurait ressemblé à un petit chapeau boule sur une grosse tête…Le jour de la Pentecôte, Monsieur le Doyen Voisin vient bénir solennellement la statue, des petites filles de blanc vêtues lancèrent des fleurs à la ronde. Un texte composé pour la circonstance sera lu par M. l’Abbé Vieujean. Un jour de 1972, un conducteur de camion renverse la potale qui s’écroule. La tête de la statue est emportée par un inconnu, et pendant longtemps les restes de la statue vont reposer au pied de l’église. Le collège échevinal prend alors contact avec la firme Liégeois de Battice, bien du temps passe puis en avril 1974, la potale est reconstituée. Le 19 mai 1974, jour de l’ordination de notre concitoyen Jean-Paul Geron aura la tâche de la bénédiction de la potale récemment reconstruite. ( Ernest Mathonet )