JULÉMONT A FEU ET A SANG
La présomption.
Julémont est une des premières communes belges qui s’offraient à l’armée allemande marchant sur les forts de Barchon et d’Evegnée. C’est un autre Berneau : l’on n’y trouve plus âme qui vive. Deux bâtiments seulement (la maison du garde champêtre et une école libre) ont été épargnés par le feu.
Ici encore le pillage a précédé l’incendie : meubles, vaisselles, linges étaient partis pour la frontière. Le prétexte est toujours le même: on a tiré…
Des coups de fusil éclatent dans la nuit. D’où partent-ils? La question doit se poser. Entre des milliers d’hommes en armes d’une part, et une centaine de familles tremblantes et désarmées d’autre part, la présomption n’est pas douteuse : en l’absence de fait contraire et de preuves, il est présumable que ce sont les soldats qui ont tiré : ils y sont excités et intéressés, et les civils point, tant s’en faut! Eh bien! la présomption, partout les Allemands l’ont établie à l’encontre de cette évidence.
A Julémont, dans ce village naguère heureux, aujourd’hui lugubrement désert, ont été lâchement assassinés :
Jean Ruwet, né en i844 ;
Pierre Beyers, né en 1847;
Olivier Leens, né en 1857;
Hubert Frédéric, né en 1857 ;
J.Lambert Fransen, né en 1858 ;
Walthère Borguet, né en 1862;
Martin Pauchenne , né en 1864 ;
Jean Biémar, né en 1875;
Toussaint Dethioux, né en 1887;
Pierre Ruvet, né en 1887 ;
Pierre Arnolis, né en 1895 ;
Edouard Becker, né en 1900.
Les autres habitants ne durent leur salut qu’à la fuite : les barbares attrapèrent ces quelques hommes, entre autres des vieillards.
Gustave Somville