Propos racontés par Adèle Goldbard-Druker ,
Je suis née à Liège en 1936 de parents émigrés de Pologne, je suis enfant unique; mes grands-parents et les autres frères de ma mère ont été déportés au commencement de la guerre, quand celle-ci éclate, mes parents m’ont envoyée dans un couvent de Liège mais je ne me rappelle plus où (?).Ils ont été arrêtés par la gestapo à la citadelle de Liège, envoyés à Malines et de là les « Boches » devaient les expédier vers l’Allemagne. Ma mère décide de sauter du train qui roulait à une vitesse infernale; les portes étaient fermées à clé, mon père choisit de passer par la fenêtre et ensuite ma mère suivra; il y avait beaucoup de neige pendant cet hiver ce qui amortira la chute. Ils arrivent dans un village (je ne sais plus le nom…) et, avec l’aide d’un pasteur, retournent à Liège. Ils me font sortir du couvent et nous arrivons tous les trois à HERVE à l’hospice Sainte Elisabeth; là ma mère s’occupe des enfants et mon père se cache dans une chambre à l’étage de cette maison d’accueil avec 10 autres juifs, moi je me confonds au milieu des mes nouveaux petits amis. Ensuite, la famille Maquinay va me cacher…
Deux Herviens rejoignent les <<Justes parmi les Nations>>.
Parmi vingt-trois belges, deux Herviens : Jean et Joséphine Maquinay, qui habitaient en 1944 à Gurné, représentés par leurs enfants encore en vie: Josée, Angèle, Jean et Pierrot, ont reçu à titre posthume, la reconnaissance de Justes parmi les Nations décernée par la fondation Isräélienne Yad Vashem. Cette cérémonie a eu lieu ce lundi 29 avril 2002 au ministère de la Communauté Wallonie-Bruxelles, en présence de MM. le Ministre-Président Hervé Hasquin, M. Shaül Amor l’Ambassadeur d’Israël et M. Jacques Graubart le Président des Amis Belges de Yad Vashem.
Madame Adina Goldbard-Druker accompagnée de son mari, venus en droite ligne d’Israël, ont tenu à être présents à cette cérémonie empreinte de chaleur et d’émotion afin de remercier les enfants de ses sauveurs, qui au péril de leurs vies ont caché cette petite juive; elle en a d’ailleurs fait l’éloge à la tribune.
Après les discours, on a relaté l’histoire de chaque famille de manière personnalisée, certaines retrouvailles ont même eu lieu ce qui entraîna des accolades et quelques larmes bien compréhensibles.
Une petite juive cachée par la famille Maquinay en 1944,
C’est dans le hameau de Gurné (Battice), entre Herve et Bolland, que les Maquinay exploitaient une ferme. Cet épisode de notre histoire locale, pendant cette guerre de 1940-1945, raconte qu’à l’hospice de la ville de Herve, on hébergeait des familles juives. Au courant de l’année 1944, ces faits arrivèrent aux oreilles de l’occupant. La direction de l’établissement dut trouver des familles d’accueil qui accepteraient d’héberger ces enfants en danger. C’est dans ces circonstances qu’une petite fille a débarqué chez Jean et Joséphine Maquinay. Cette famille très connue dans la région, qui comptait déjà 7 enfants, s’est agrandie d’une unité en la personne d’Adèle la petite juive. Après la libération, cette dernière put retrouver ses parents. Depuis lors, les enfants de Jean et Joséphine avaient perdu sa trace. Lorsque, dans le courant de l’année 2000, ils reçurent un coup de téléphone de l’Administration Communale de Herve qui demandait si la famille Maquinay correspondait bien à ces évènements qui se s’étaient déroulés à Gurné. En effet, une certaine Adèle demeurant en Israël cherchait à retrouver une famille Maquinay qui l’avait sauvée du génocide; après 55 années, elle connaissait toujours le nom de ses sauveurs, et eux- mêmes se rappelaient son prénom… Quelques jours après, c’était les retrouvailles par téléphone avec une grande émotion partagée bien compréhensible et le rendez-vous ne s’est pas fait attendre; Adèle et son mari profitant d’un déplacement en Suisse, feraient légitimement un crochet vers la Belgique avec arrêt à Manaihant où Pierrot Maquinay a élu domicile avec plusieurs membres de sa famille. Et le grand jour arriva; devant la gare de Verviers ils piétinaient d’impatience en sachant qu’ils allaient tomber dans les bras l’un de l’autre; mais allaient-ils se reconnaître ?…Après 55 ans de séparation, ils n’eurent aucune difficulté à s’identifier et passèrent la journée à Manaihant, ils avaient rassemblé les membres de la famille encore en vie et se remémorèrent les merveilleux souvenirs communs. Le mois suivant, Adèle faisait savoir qu’elle souhaitait passer le nouvel-an avec la famille qui l’avait adoptée; son mari lui accordant une semaine de vacance qu’elle mit à profit pour faire les démarches nécessaires à la réalisation d’un souhait qu’elle jugeait indispensable de voir se réaliser: faire décerner le titre de « Juste parmi les Nations » à leurs parents Jean et Joséphine Maquinay.
Cette cérémonie en leur honneur aura lieu à l’Ambassade d’Israël à Bruxelles le 29 avril 2002 en présence de Mr Susnic.